Clin d'oeil

Publié le par Marie

Un cloître, reconverti en cour de récréation.
Trois tables en « U » dressées pour le repas.  Il fait particulièrement beau en ce jeudi 1er mai.  Le soleil brille de tous ses feux sur les jeunes feuilles des arbres qui bordent la place.

Quelques-un sont déjà là qui s’affairent au barbecue, au bar ou autour des tables vérifiant que tout est bien à sa place. Chaises, bancs taillés dans la pierre, s’apprêtent à accueillir les convives.

La galerie, maintenant ouverte sur le ciel, distille les invités.  Les premiers semblent inquiets comme à la recherche du coin discret qui les abritera.  Peu à peu, le groupe se constitue.  Les retrouvailles sont plaisantes, les rires cessent de murmurer, la fête s’annonce des plus plaisante.

A l’écart, une table de service est chargée d’amuse-gueules variés.  Chips, petits-fours, bouchées, zakouskis, biscuits salés, fruits secs parfumés, brunoises colorées attendent la ruée. 

Certains regards ont déjà effleuré les hors-d’œuvre.  Les coups d’œil se multiplient, se diversifient.  Bientôt, les points d’interrogations se lisent sur les visages seront rassasiés.
Les amuse-gueules patientent.  Les regards s’impatientent gorgés d’envies de déguster, avaler, engloutir les merveilles.
Tout est tranquille sur la desserte.  Rien ne vient perturber le bon ordonnancement de la présentation de plus en plus caressée  d’œillades gourmandes.

Dans la cour, les conversations vont bon train à peine entrecoupées de « savez-vous quand sera servi l’apéritif ? », « avez-vous vu les amuse-gueules ?  Appétissants.  Une vraie réussite.»

Un regard se jette à droite, à gauche.  Il répète sa manoeuvre droite-gauche, y ajoute la desserte.  Dans le visage impassible, les yeux épient la compagnie avant de s’arrêter sur les toasts.  Un soupir saccadé accompagne le mouvement.  Une fine tension étire le cou et pousse le menton du quémandeur vers la table.  Surpris il se reprend, en même temps que la conversation.  Son pied glisse vers la gauche.  La jambe suit, raide.  Les yeux reviennent aux toasts après un nouveau tour d’horizon. Six centimètres sont gagnés.  Les doigts s’agitent, grappillent dans l’air.  Le pied s’échappe un peu plus loin, le reste suit, même l’interlocuteur.

Le regard balaye l’assemblée.  Soudain, la main plonge, se saisit d’une tomate cerise, la triture frénétiquement, tremble d’impatience et, d’un geste déguisé, fourre le fruit dans la bouche gourmande.

Réconforté, l’homme se retourne pour s’apercevoir, interdit, que les plats alléchants passent librement de main en main en de joyeuses farandoles.

Publié dans Fictions

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